Commencer

commencer
1. Faire la première partie de (une chose ou une série de choses) ; faire exister (ce qui est le résultat d’une activité).
2. Être au commencement de.

Cette rubrique est une chronique littéraire. Chaque semaine, quelqu’un pourra s’y exprimer et laisser aller ses doigts le long du clavier. Je commence !
Et quoi de mieux que d’initier cet exercice par un mot plein de promesses : commencer.
C’est un mot que je connais bien. Je commence beaucoup de choses. C’est même l’une de mes spécialités. Le problème, c’est que j’ai souvent du mal à finir.
Enfant, j’aimais démonter les appareils ménagers de la maison, au grand dam de ma maman. Car démonter me faisait plaisir. Découvrir de quoi les choses étaient faites : un délice. Mais l’étape suivante ne m’enchantait pas du tout.
En grandissant, j’ai commencé beaucoup de choses. Des études pour devenir prêtre, des études d’histoire, des études d’art, un boulot d’enseignant. C’est quand j’ai découvert l’édition qu’enfin j’ai arrêté d’abandonner en cours de route.
Alors, en y réfléchissant, commencer revêt deux sens.
D’abord, commencer, c’est essayer. C’est explorer et voir où cela nous mène. En cours de route, il y a fort à parier que l’on va se découvrir soi-même.
Commencer, c’est aussi lancer quelque chose. J’ai commencé Mahury. Mais j’ai rapidement compris que seul, je n’irais pas très loin. Alors j’ai appris à déléguer. J’ai appris aussi à m’associer. J’ai appris à partager le pouvoir. Et même à le quitter.
Je ne finissais jamais les choses avant. Mais finalement, est-ce que le problème ne venait pas simplement du fait que commencer ne rime peut-être pas avec finir ?
Et si commencer, c’était se projeter vers l’avant ?
On avance, quoi qu’il arrive. On avance, malgré les difficultés. Et elles sont nombreuses pour une petite maison d’édition, comme elles le sont pour des auteurs encore inconnus. On avance et on laisse les râleurs de côté. On avance et on espère toujours. On avance et on ignore les médisances. On avance coûte que coûte.
Le monde peut bien s’effondrer, la guerre être « à nos portes ». Avec quelques lettres, quelques espaces, on peut faire des mots. Puis des phrases. Et de ces récits, commencer à construire un nouveau monde. Dans nos têtes d’abord. Mais pas que…

Mathias Aubry-Rakowski

un dessin que j’ai commencé…

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