Avec Mary-Yvonne et les autres, Marlène Pidéri-Joncart nous entraîne dans l’un des chapitres les plus douloureux et les moins connus de l’histoire contemporaine française : le Bumidom. Une politique qui, dès la fin des années 1960, a organisé la migration massive de milliers d’ultramarins vers la métropole. Présenté alors comme une promesse d’eldorado, il s’est souvent révélé un parcours d’exil, d’humiliation et de lutte pour exister.
Le roman adopte une forme fragmentée, presque polyphonique, où les voix de Mary-Yvonne, Joséphine, Géronime, Renéta et d’autres femmes tissent une fresque sensible et percutante. Chaque souvenir, chaque déchirure, chaque tentative de reconstruction éclaire ce que fut réellement cette période : un arrachement, une violence institutionnelle, mais aussi une formidable capacité de résilience.
Marlène Pidéri-Joncart écrit avec une empathie qui ne verse jamais dans le pathos. Son texte, à la fois intime et politique, s’impose comme un ouvrage mémoriel nécessaire à l’heure où la France réfléchit à la transmission de son histoire coloniale et post-coloniale.
Mary-Yvonne et les autres est plus qu’un hommage : c’est une réparation symbolique. Un livre qui donne une dignité à celles qu’on avait trop longtemps laissées dans l’ombre.
M.A-R.



